Elevage
Des mesures d'urgence pour un poulailler transformé en mouroir Deux jours après les plaintes d’habitants de Kingersheim, victimes d’invasions de mouches à cause d’un poulailler industriel moribond, la situation a fait un grand pas en avant, hier. Le nettoyage a débuté, une inspection a été orchestrée et une solution a été trouvée pour euthanasier les bêtes, qui dépérissent faute de nourriture.
Deux jours après le cri d’alarme des riverains, la situation du poulailler industriel Alsace Oeufs de Kingersheim, où les poules dépérissent faute de nourriture et où les mouches prolifèrent (lire nos éditions de mardi et mercredi), s’est brutalement débloquée, hier. Récit d’une journée agitée.
• 10h.- Les riverains aperçoivent des camions-bennes qui convergent vers le poulailler. Leur mission : dégager les tonnes de fientes où pullulent les larves de mouches, boostées par le redoux inattendu de la semaine dernière. Lorsque les engins repartent, deux voisins entreprennent de les suivre pour savoir où vont être entreposées les déjections. Cette « filature » se termine dans un champ, du côté de Pulversheim.
•11 h.- Deux patrouilles de la police de Wittenheim débarquent dans la cour du poulailler avec des inspecteurs du travail, de la Mutualité sociale agricole (MSA) et des services vétérinaires pour un grand contrôle inopiné.
On fait de notre mieux
Le principal objectif est de vérifier que les contrats des 7 employés permanents et des quelque 25 saisonniers appelés à la rescousse pour débarrasser les poules avant la fermeture annoncée sont bien en règle. De prime abord, cela semble être le cas. D’après l’un d’entre eux, plusieurs salaires en retard auraient d’ailleurs été versés le matin même.
Les contrôleurs vérifient également que le personnel n’est pas en danger, en faisant installer une barrière sur un balcon, par exemple. « On fait de notre mieux pour les protéger », explique Thomas Schaad, inspecteur de la direction du travail.
• 11 h 10.- Équipés de masques respiratoires, des policiers et des inspecteurs s’engagent dans l’un des deux hangars, surmonté de la bucolique pancarte « Le domaine des Peupliers ». Le spectacle est édifiant : sous la lumière pâlichonne des guirlandes d’ampoules, les empilements de cages d’acier s’étendent à perte de vue. Quelques bêtes mortes gisent sur le sol, les dizaines de milliers d’autres caquettent, picorent leur mangeoire vide et piétinent sur leur grillage, créant un bruit de fond obsédant que les employés ne semblent même plus entendre.
• 11 h 45.-Le maire de Kingersheim, Jo Spiegel, arrive dans la cour, où titubent quelques volailles hagardes, et s’insurge devant le spectacle. « Au début du XXI e siècle, voir quelque chose comme ça… », soupire-t-il, avant de viser directement la société à l’origine de ce poulailler (lire ci-contre). Il est suivi de près par une équipe de France 3 Alsace.
• 12 h 15.- À l’issue de sa réunion mensuelle avec la presse, à Colmar, le préfet du Haut-Rhin Pierre-André Peyvel rappelle que l’État suit la question du poulailler depuis un an, que ses services se sont mobilisés dès l’aggravation des problèmes et qu’ils planchent sur un moyen d’éviter aux bêtes de mourir de faim durant plusieurs semaines. « Il est très difficile de trouver des abattoirs qui acceptent autant de poules en si peu de temps, explique-t-il. Si l’entrepreneur n’a plus les moyens de nourrir ses volailles, il faudra prendre une mesure radicale. Le principe de l’euthanasie est acté, reste la décision de la mise en œuvre qui dépend de ce que propose le responsable. Mais nous n’attendrons pas quinze jours ».
• 17 h 30.- Un nouveau camion entre dans la cour du poulailler. Cette fois, il vient chercher quelque 10 800 poules destinées à un abattoir belge. Sur les 200 000 présentes à l’origine, il en reste environ 120 000.
Je n’ai jamais vu ça
• 1 8 h.- Le directeur adjoint de la direction de la cohésion sociale et de la protection des personnes, Jean-Dominique Bayart, confirme l’annonce du préfet : les poules vont toutes être abattues ou euthanasiées «dans les meilleurs délais». « Pour des raisons de bien-être animal, on ne peut pas laisser la situation en l’état, indique-t-il à l’AFP. Il arrive qu’une décision aussi radicale soit prise en raison d’une épizootie, mais pour des raisons économiques, je n’ai jamais vu ça. »
Lien internet
http://www.lalsace.fr/fr/article/4161566/Deux-jours-apres-le-cri-d-alarme-des-riverains-l.html